Septeto Los NARANJOS

A Cienfuegos, en avril 1926, après avoir écouté le « SEXTETO HABANERO » à son passage dans la ville,  un groupe de jeunes qui travaillent chez un artisan peintre et charpentier décide de fabriquer, avec les moyens du bords, des instruments pour former un groupe musical. Le Son n’est pas encore officiellement autorisé dans la ville et reste une musique et une danse mal vues de la bonne société et suceptible de mener jusqu'en prison.

 


Gumersindo Soriano
Ces jeunes sont Gumersindo SORIANO (1911-1990), directeur, voix et claves et,  entourant Gumersindo, Carlos SARDUY, tres ; Pedro SORIANO, guitare ; Herminio ESTRADA, bongó ; Rosendo RAMÍREZ, voix et Leuterido GONZÁLEZ  (1914-2004). Efraín LOYOLA, qui joue parfois avec eux, apporte des timbales carrés, Leuterido, une flûte en roseau, qu’il abandonne rapidement pour une autre fabrication maison destinée à suppléer les maracas avant d’opter pour la marimbula. Faute de lieu ils s’installent sous un oranger pour répéter. Le nom du groupe est trouvé « Los NARANJOS del 26 » bientôt changé pour « SEXTETO Los NARANJOS ». L’année suivante Estanislao GIMÉNEZ remplace SARDUY et le sexteto ajoute un second tresero, Fermín AVÍLES, qui joue le rôle d’accompagnement habituellement dévolu à la guitare. Pedro passant à la fonction de maraquero.


Los Naranjos à la fin des années 20. Photographie Documentaire "Los Naranjos".


Il faut attendre 1930 pour que les cienfuegeros incluent la trompette de Alejandro LOSA et que le sexteto devienne un septeto en même temps que GONZÁLEZ abandonne sa marimbula au profit d’une contrebasse. Le chanteur  Humberto RODRÍGUEZ fait des suppléances dès cette époque et fera son entrée définitive après la Révolution. Il reste un des composants historiques de la formation et y chante encore à 96 ans. « Los NARANJOS » jouent essentiellement à Cienfuegos et dans ses environs pour animer les fêtes. Le public peut les écouter au Rancho, au Castillo de Jagua...

Septeto Los Naranjos. Photographie Documentaire "Los Naranjos".


En 1942 le septeto subit des transformations et le groupe comprend alors Pedro, Elisecto, Alejandro et de nouveaux membres Benjamín CUÉLLAR, Ricardo ORDOÑEZ, Oscar ESTRADA et  Herminio BELTRÁN... .


Los Naranjos. De gauche à droite Beltrán, Cuellar, Pedro Soriano, Gumersindo, Ordoñez, Estrada, González. Photographie Documentaire "Los Naranjos".


Photographie Documentaire "Los Naranjos".

Ce n’est qu’en 1953 que « Los NARANJOS » cèdent à la pression des conjuntos qui depuis plus de dix ans obtiennent davantage de succès que les septetos traditionnels.
Gumersindo SORIANO fait entrer un piano confié à Tomás SIERRA ; deux trompettes supplémentaires Eloy FRÍAS et Martín FLORES. La contrebasse est désormais tenue par Ernesto SUÁREZ ; la guitare par Daniel FONSECA, le bongó par Tiburcio CABRERA. Comme pour tous les conjuntos SORIANO ajoute une tumbadora confiée à Carlos LAY et s’entoure de deux autres voix, celles de Juan de la CRUZ et de Francisco SANTA.


Le « CONJUNTO Los NARANJOS »  enregistre à cette période. Parmi les titres , des classiques comme "Son de la Loma", "Pensamiento" ... mais aussi le bolero son de Oswaldo ABREU " La tradición no se olvida". Le passage au nouveau format n’est pourtant pas concluant et trois ans plus tard c’est le retour au septeto.


Au milieu de la décennie suivante la formation cienfueguera comprend Gumersindo, Eloy, Clemente SARRIA, Tomás CASTELLANOS, « Mayito » SANTACRUZ, bongosero; Humberto RODRIGUEZ GAINZA, voix; ainsi que le tresero Gregorio « Nano » URBANO ADAY.

Gregorio Urbano. Photographie Documentaire "Los Naranjos".

Autour de Gumersindo et quelques anciens de nombreux musiciens viennent compléter la formation au cours des décades suivantes et certains deviennent des figures emblématiques du « SEPTETO Los NARANJOS » tels que les chanteurs Pablo JÚSTIZ, grande première voix; Oswaldo ABREU auteur de « El Son no morira » et de nombreuses compositions interprétées par la formation " El Son que yo baile", " Pedro el Gordo"... .

Los Naranjos, Pablo Justiz. "Los Viejos te cantan".

Le « SEPTETO Los NARANJOS » intègre un élément féminin dans ses rangs dans les années quatre-vingt, la chanteuse Ludgarda ORDETX qui va devenir elle-aussi une figure de la formation qui voyage au Mexique, se fait entendre sur les ondes de Mexico et se rend également dans d’autres pays caribéens.


Ludgarda Ordetx avec Los Naranjos et leurs amis. Photographie Documentaire "Los Naranjos".

Tandis que JÚSTIZ, assure la première voix, secondé par son fils, Pablito, falsete; Ludgarda qui avait débuté dans le chant lyrique avant de devenir sonera, est la seconde voix de la formation. SANTACRUZ fait toujours partie de la formation durant ces années quatre-vingt.

Les anciens commencent à disparaître. Après Gumersindo, en 1990, c'est au tour de "Mayito" SANTACRUZ... mais « Los NARANJOS » savent se renouveler autour des vétérans Humberto et "Nano" en maintenant la tradition apprise auprès d'eux. Feliciano "Can Can" CÁRDENAS, bongó; Pablito JÚSTIZ, voix, passent dans les rangs du septeto ainsi que Luís MARTÍNEZ, voix; José MARTÍNEZ, trompette, un temps directeur du groupe; José SÁNCHEZ, maracas ; Ramón PÉREZ, contrebasse ; Miguel ENRIQUEZ...


Mais c’est en 1994 que « Los NARANJOS » réalisent leur grande sortie internationale, en Espagne, à l’occasion de la rencontre entre soneros et flamencos en Andalousie.


Los Naranjos à Seville avec Nano de Jérez.


Trois ans plus tard la formation entre en studio et entregistre une douzaine de titres parmi lesquels "Respeta Mi Tambo", qui donne son nom à l'album; "Amalia Batista", " Nadie se salva de la rumba"... Sont alors membres du septeto les vétérans Humberto et "Nano"; " Can can", Oswaldo, Bartolomé ABREU, trompette; Pablito et Juan JÚSTIZ, voix; Miguel Angel MOLINA, guitare; Felix MOLINA, contrebasse.

A la fin de la décennie une autre femme entre dans la formation, provenant du septeto « ESCAMBRAY », la contrebassiste María del Carmén RODRÍGUEZ. Le succès que connaît la musique cubaine à travers le monde lors des années quatre-vingt-dix profite au "NARANJOS" qui réalisent de nouvelles tournées et de nouveaux enregistrements: "Mi son tiene piel morena" puis " La tradicion no se olvida", est enregistré en 1999, "Los viejos te cantan" sort en 2005. La famille JÚSTIZ est fortement représentée au sein d'un septeto qui compte jusqu'à neuf membres Juan, Juan Antonio et Ivis JÚSTIZ, Humberto, "Nano", " Can can", Pablito, Oswaldo, Giraldo PÉREZ, guitare; María del Carmén, Bartolome et incorpore un violoniste pour l'enregistrement du disque, Oscar PIÑEIRO.


Los Naranjos en 2010. Photographie Documentaire "Los Naranjos".

En 2007 Pablo JUSTIZ se rend à La Havane pour participer au concert marquant le 80° Anniversaire du "SEPTETO NACIONAL". Il chante "Tu son tresero" avec le septeto.

Au fil des années 2000 le septeto « Los NARANJOS » se révèle être une véritable école musicale où ceux qui entrent apprennent à s'inscrire dans une tradition. Les musiciens de la formation, à travers le temps, constituent une véritable famille dont l'acte symbolique reste, depuis la disparition de Gumersindo SORIANO, le rassemblement au cimetière, pour l'anniversaire de sa mort. Tous les musiciens vivants, au delà de ceux qui appartiennent aux « NARANJOS », rendent à tous les musiciens cienfuegueros un hommage musical.


Visite annuelle des musiciens cienfuegueros sur la tombe de Gumersindo et de divers autres musiciens disparus. Photographie Documentaire "Los Naranjos".

« Los NARANJOS » maintiennent régulièrement leur peña dans les Jardines de la Uneac ainsi qu'au Salón Minerva. Les membres du groupe au milieu de la décade sont Luis MARTÍNEZ, Luis RAMOS, voix; Luis BRITO, tres, ex membre du "SEPTETO TURQUINO" de Santiago de Cuba; Giraldo PÉREZ, guitare; Felicano CARDENAS, percussions et María del Carmen RODRÍGUEZ. Le septeto enregistre un disque en prévision des 90 ans de la formation. Parmi ls titres figurent les historiques "Linda Graciela", " El Florero", El Plato roto", "Amalia Batista"...

A la fin de l'année 2014 Cienfuegos rend un grand hommage à la formation toujours dirigée depuis 1987 par Bartolomé ABREU. Retiré depuis de nombreuses années Humberto GAINZA fête ses cent ans.

Au cours de 2015 la formation cienfueguera continue d'être régulèrement dans la jardins de l'Uneac, à la Casa Benny Moré, au Salón Minerva er joue dans plusieurs localités de la province. Les premiers événements de la célébration des 90 ans du groupe débutent en décembre par un concert au Centro Cultural Julio Antonio Mella.

© Patrick Dalmace avec la collaboration de Yusi Padrón

Discographie sélectionnée:
* " Respeta mi tambo", Cienfuegos, 1997, Ahí Namá 1011.
* " Mi son tiene piel morena", 1998, Eurotropical 13.
* " La tradición no se olvida", 1999, Eurotropical.
* " Los viejos te cantan", 2005, Ahí Namá 1061.
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"Los Naranjos", Documental de Yusi Padrón, Oficina del Conservador de Cienfuegos. Non commercialisé.

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